Proposition de scénographie
Théorème texte: Pier Paolo Pasolini
Théorème est un roman puis un film de Pasolini. Une famille de bourgeois est visitée par un étrange et jeune invité. Celui-ci rencontre charnellement un à un chacun des membres de cette famille, comme une sorte de messie. Après cette rencontre, chacun des personnages entre dans un état d’errance.
La scénographie de départ est simple. Deux murs d’enceinte, intérieurs ou extérieurs, on ne saura jamais trop. À l’angle de ces deux grands murs est la sortie du hui-clos. On ne la voit pas, on la devine seulement. On imagine l’extérieur dans ce hors-champs, c’est un ailleurs. Il surgit par la lumière, le son, et par le fantasme du spectateur surtout.
Petit à petit, cet espace très rigide à l’architecture très réaliste glisse, la scénographie se mue et l’extérieur envahit, déborde et déforme l’espace rigide du départ.
L’espace devient sensation de l’errance des personnages. Le soleil perce à travers les feuillages, nimbe le plateau. Un mur bascule, une longue route brumeuse apparait. Une porte cède sous le poids du sable. Il se déverse, ruisselle sur le plateau et le désert s’étend.
Au départ, cet espace très rigide à l’architecture très réaliste présente cette famille bourgeoise. L’espace est vide, blanc.
Les éléments de la scénographie bougent de scène en scène, l’espace est changeant. La lumière et le son transforment l’espace.
Dans cette proposition scénographique, c’est la langue poétique du roman qui est invoquée dans l’espace scénique. Comme dans l’écriture de Pasolini, rien n’est fixe. Les saisons, les jours et le temps sont pluriels. L’été, le printemps, la fin de l’hiver coexistent, l’espace-temps se distend, les jours se troublent.